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Aisthesis

28 octobre 2015

Le Chardonneret - Donna Tartt

lechard

Page 38 : - Tu connais Hals, non ? Le joyeux buveur ? Et Les Régents de l'hospice de viellards ?

- Bien sur, ais-je répondu timidement. Des tableaux qu'elle venait d'évoquer, la Leçon d'anatomie était le seul que je connaissais. Un des détails apparaissait sur l'affiche de l'exposition : une chair blème, de multiples teintes de noir, des spectacteurs à l'air aviné, aux yeux injectés de sang et aux nez rouges.

- C'est le b.a.ba de l'histoire de l'art, souligna ma mère. Tiens, prends à gauche."

Page 50 : "J'étais au milieu de la salle quand il se passa quelque chose d'étrange. Un gardien franchit en courant la porte ouverte de la boutique de l'exposition plus loin. Il avait quelque chose dans les bras. La fille le vit aussi. Ses yeux bruns doré croisèrent les miens : un regard interloqué, perplexe. Tout à coup un autre gardien sortit en trombe de la boutique du musée. Il cria les bras en l'air. (...) l'instant d'après une énorme explosion assourdissante secouait la salle."

Page 60-61 : "Je me suis retourné et j'ai tenté de lui rendre le tableau. "voila" (...) mais ce n'était pas le tableau qu'il voulait. D'un geste irrité il l'a repoussé vers moi et a murmuré quelque chose. (...) Prends-le avec toi ! M'enjoignant de l'emporter : "Vas-y !" Il essayait de s'assoir."

Page 64 :" Mais il l'a pressée dans ma paume. Sa respiration gargouillait de vilaine manière. "Hobart & Blackwell, a-t-il laché, et sa voix était telle qu'on aurait cru qu'il se noyait de l'intérieur. Appuie sur la sonnette verte.

- La sonnette verte" ai-je repeté, dubitatif.

Page 1087 : "c'était compliqué, elle ne pensait pas qu'à elle, mais aussi à moi, on avait tous les deux traversé tant d'épreuves semblables, elle et moi, on était terriblement semblables - trop. Et parce que nous avions tous deux tant souffert (...) n'était-ce pas un peu...précaire ? (...) Que nos failles et nos faiblesses soient si semblables que l'un de nous pourrait entrainer l'autre vers le bas, n'était-ce pas le danger ?"

Page 1094 : " Parce que je me fiche de ce que quiconque dira, avec quelle fréquence ou de quelle manière charmeuse : personne ne pourra jamais au grand jamais me persuader que la vie est un cadeau génial et généreux. Parce que la vérité, c'est que la vie est une catastrophe. L'idée même d'être en vie - de devoir chercher de la nourriture, des amis et quoi que ce soit d'autre que nous fassions -  est une catastrophe. Oubliez tout ce non-sens ridicule dont tout le monde vous rebat les oreilles : le miracle d'un nouveau-né, la joie d'une simple fleur qui s'ouvre, La Vie Est Trop Merveilleuse Pour Etre Comprise, etc. (...) Et en même temps de savoir aussi, en dépit de tout cela, et même si les dés sont cruellement pipés, qu'il est possible de jouer avec une sorte de joie.?

Dernière de couverture : "C'est un miniscule tableau de maître. Un oiseau fascinant. Inestimable. La raison pour laquelle Theo Decker, 13 ans, s'est retrouvé en possession de cet chef-d'oeuvre de l'art flamand est une longue histoire...un hasard qui, huit ans après ce jour tragique de pluie et de cendres à New York, l'obsède toujours autant. Des salons huppés de Manhattan aux bas-fonds mafieux d'Amsterdam ou de Las Vegas, le Chardonneret surveille l'effroyable descente aux enfers de Theo et préside à son étrange destin..."

Note sur l'auteur : "Donna Tartt, née à Greenwood, dans le Missisipi, Donna Tartt a fait ses études au Bennington Collège, dans le Vermont. Elle est l'auteur du Maitre des illusions et du Petit Copain, deux bests-sellers traduits dans plus de trente pays. Son dernier romain, le Chardonneret, récompensé par le prix Pulitzer, a paru en France en 2014."

Note Personnelle : Une belle claque...enfin qui commence comme un préliminaire ennuyeux (120 pages pour moi mais bon on me l'avait conseillé, j'ai été patient), puis une douce caresse et on ne voit pas venir que nos pulsations ont pris un autre rythme, que les pages se tournent, que la nuit avance tard...très tard mais qu'il est difficile de le poser sans connaître la suite... Je vais trouver les mots justes, juste que ce livre confirme que parfois un livre nous trouve au bon moment. Une belle claque mais ce n'est pas la bonne image... une belle étreinte, qui cajole et rassure, qui met des panneaux indicateurs sur un chemin qu'on a déjà pris...

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20 juin 2015

Puzzle - Franck Thilliez

Page 33 : "Ce devait être une journée comme une autre, proche de Noël. Un bon moment fait de préparatifs de réveillon, de promenades sous le soleil ou de descentes à ski. Mais cette semaine, toute la vallée est sous le choc. Car c'est avec effroi, que les gendarmes ont découvert, ce mardi matin, les corps sans vie de huit personnes dans un refuge du Grand Massif, à quelques kilimoètres seulement de Morzine et à deux pas de la frontière suisse."

Page 38 : "Je te l'ai dit au téléphone. J'ai décroché. Les Jeux ont déjà suffisamment fichu le bordel dans ma vie et aujourd'hui, à presque trente ans, je me retrouve pompiste dans une méchante aire d'autoroute. Crois-moi, vendre des cafés à 4 heures du mat à des routiers, il n'y a rien de virtuel là-dedans. Paranoïa, ce n'est pas la réalité de notre monde. Et ça ne m'intéresse plus.

- Pas même les trois cent mille euros minimum promis au vainqueur ? Ils n'ont rien de virtuels, eux.

- Il n'y a pas trois cent mille euros ni vainqueur. Paranoïa n'est qu'une légende urbaine véhiculée de site Internet en site Internet. Qui a déjà participé ? Qui sait en quoi consiste ce jeu, au final, hormis la promesse de "ressentir la peur de sa vie" ?

Page 292 : "Encore une fois, il se demanda où se situait la frontière entre la réalité et la fiction. Jusqu'à quel point les racines de ce jeu avaient pénétré en lui. Et ce que lui voulait au final, ce putain d'organisateur sexagénaire. Ilan bascula sur le coté sans se déshabiller, le bâton à proximité. Cette nuit, il laisserait la lumière allumée."

Dernière de couverture : Ilan et Chloé sont spécialistes des chasses au trésor. Longtemps, ils ont rêvé de participer au jeu ultime, celui dont on ne connait que le nom : Paranoïa. Le jour venu, ils reçoivent la règle numéro 1 : Quoi qu'il arrive, rien de ce que vous allez vivre n'est la réalité. Il s'agit d'un jeu. Suivie, un peu plus tard, de la règle numéro 2 : l'un d'entre vous va mourir. Et quand les joueurs trouvent un premier cadavre, jeu et réalité commencent à se confondre. Paranoïa peut  alors réellement commencer...

Note personnelle : J'en veux beaucoup à cet auteur, habitant le nord pas de calais, enfin le pas de calais pour être précis. J'ai commencé ce livre un soir vers 23 heures en me disant super, je lis une heure et je vais me coucher paisiblement... mais quand 3 heures du matin s'affiche sur mon portable, 3 heures que je peux lire qu'à moitié, les yeux fatigués et que je dois abandonner quelques heures ce livre, j'en veux beaucoup à l'auteur. Heureusement que j'ai pu le finir très vite... quelques heures plus tard, le soir... la journée s'égrénant péniblement... j'ai été heureux de constater que la fin est à la hauteur de ce "jeu"... Autant vous dire que je vais courir acheter les autres livres de ce Monsieur... Mais je me ferais plus avoir...je commencerais un samedi matin ou le premier jour de mes congés :)

29 mars 2015

Je de Société - Elsa Levy

je-de-societe-de-elsa-levy-1024887177_ML Page 19 : " Depuis toujours JE s'ennuie. JE s'ennuie, depuis toujours, parce que depuis toujours, JE attend. JE ne sais pas précisement ce qu'il attend, mais JE attend autre chose en tout cas. Par exemple, à l'école, JE attendait la sonnerie, le lundi JE attendait le vendredi., le vendredi, JE attendait le week-end, à partir de mars, JE attendait les grandes vacances..."

Page 20 : "Et JE a l'impression que personne n'attend autant que lui. Ce qui rend son attente encore plus insupportable. Pourtant, il semblerait que tout le monde attende partout. (...) JE a constaté une sorte de concours de celui qui montrerait le moins possible son attente, en ayant l'air le plus pressé et le plus débordé possible..."

Page 21 : "Toute son existence est basée sur le non-choix. C'est à dire que souvent dans la vie, même très souvent, presque toute la journée, il faut faire des choix. Cependant, comme l'objectif premier de Je a toujours été d'avoir le choix pour rester libre, JE a toujours fait le choix de faire le moins de choix possible..."

Page 24 : "Dernière mise en garde : jusqu'au jour de ta démission, tout le monde pensait que tu réussissais ta vie, sauf toi. Dans quelques jours à peine, deux ou trois, pas plus, tout le monde risque de penser que tu rates ta vie, sauf toi"

Page 38 : "Sur le trajet, elle regarde les gens courir dans tous les sens. Probablement parce qu'ils rentrent chez eux. La jeune femme ne ressent pas d'urgence à rentrer chez elle, encore moins à retourner travailler demain. Pour la première fois de sa vie, elle n'a aucune urgence. "

Page 157 : "De quoi te plains tu ? Tu voulais jouer ? Tu as joué. Tu voulais être acteur ? Si t'en es là, c'est que tu n'es plus spectacteur, donc tu l'es quoi !

-Mais je suis plumé ! Quel intérêt ?

- Il reste encore une plume pourtant. Avec cette plume, tu pourrais raconter ton histoire JE !"

Dernière de couverture : "JE ouvre sur le petit jeu d'une France à la Brazil les yeux que nous fermons, plus ou moins consciemment, pour ne pas voir que nous sommes tous trop profonds, trop complexes, trop lardes, pour entrer dans les petites cases absurdes mais bien pratiques qui font société. (...) JE réconcilie Chacun avec tous, parce qu'une fois qu'il a lu Je de société, Chacun peut revenir à sa place, un peu moins dupe de lui, donc un peu moins malheureux."

 

Note personnelle :

J'ai dévoré le livre en 2h-2h30, le temps d'aller faire un tour dans les méandres de mon propre parcours. Car c'est bien là le but de ce "JE".

Je dirais que ce livre s'adresse à ceux qui ont senti un jour en eux une force leur donner l'envie d'ailleurs comme le dirait Marius dans Pagnol. Ils ne savent pas pourquoi. Ils se demandent si ils ont raison d'écouter cette force. Ils ont du mal à assumer cette force vis à vis de l'extérieur et d'eux mêmes, oscillant entre un ego démesuré et une humilité non feinte avant de trouver l'équilibre dans ce rapport aux autres et à soi-même. Forcement dans ce parcours, on juge les autres, nettement moins certes qu'on se juge nous même.

C'est étrange car la veille de lire ce livre, je discutais avec une proche sur la nécessité d'abandonner le costume que la société impose aux hommes et bien entendu aux femmes. Costume imaginaire qu'on s'impose soi-même car la société n'est qu'une multitude de JE.

C'est tout le chemin, il y a des règles du jeu à connaitre pour ensuite suivre ses propres règles. Et il faut faire cela dans l'ordre car si on suit ses propres règles sans connaitre les règles du jeu, le JE se prend un mur. Passage obligé, pas sage de s'attarder.

En tout cas c'était avant. Avant de lire ce livre. Si vous êtes apprentis comédiens, ce livre vous donnera les règles du jeu. Si votre force intérieure vous pousse dans un autre domaine, ce livre vous donnera les règles des méandres du JE. Et si vous n'avez pas ressenti une force vous pousser ailleurs, courrez lire ce livre, cela vous permettra de mieux comprendre. Mais bon si vous lisez ces lignes, ce n'est pas par hasard.

 

21 août 2014

La Religion - Tim Willocks

Page 18 : "Debout au dessus d'elle, arborant l'expression dénuée de curiosité d'un fermier qui a tué une taupe d'un coup de bêche, se tenait un jeune homme costaud, avec une fine barbe et une tête de moins que Mattias. (...) Quand le jeune homme cessa de regarder l'enfant assassinée, ses yeux apparurent aussi morts que des pierres."

Page 31 : Il dit "Ibrahim" Et avec cela disparut le nom que son père lui avait donné.

Page 38 : "Fra Olivier Starkey, lieutenant tucopolier de langue anglaise, se tenait devant la fenêtre du bureau du grand maître. De cette perspective haut placée sur le mur sud du chateau Saint Ange, il pouvait détailler la géographie complexe du champ de bataille à venir. Encerclés par les hauteurs avoisinantes, trois triangles de terre formaient les limites du Grand Port, résidence des chevaliers de la Mer, Saint Ange se tenait à l'apex de la première péninsule et dominait le Borgo, la pincipale ville. La, étaient enserrés les auberges des chevaliers, l'Infirmerie sacrée, l'église du couvent de San Lorenzo, les maisons des habitants de la cité, les quaies principaux et leurs entrepots et tout le bazar grouillant d'une miniscule métropole. Le Borgo était protégé du reste de l'île par une énorme enceinte incurvée - une muraille semée de bastions défensifs et fourmillant de chevaliers et de miliciens à l'exercice".

Page 103 : "En Arabie, dit-il, on raconte qu'il était un temps jadis ou toutes les roses étaient blanches. (...) Une nuit, sous une lune décroissante poursuivite Tanhauser, un rossignol se posa près d'une telle rose, une grande rose blanche, et quand il la vite, il tomba immédiatement amoureux. A cette époque, on n'avait jamais entendu un rossignol chanter. (...) C'est un conte, di Tannhauser. Les arabes ont d'autres contes sur les roses, car ils les considèrent avec des égards particuliers. Mais la vérité d'un conte est dans le talent de celui qui l'entend."

Page 441 : "L'odeur dense et répugnante de viande humaine grillée était horriblement appétissante, et la bouche de Tannhauser s'emplit de jus. En courant, un très jeune homme au visage très pâle vint s'embrocher sur l'épée de Tannhauser, avec une telle frénésie que sa poitrine finit par frapper dur contre la garde. Il piqua l tête du jeune avec la pointe de sa masse et, comme un fermier soulevant une balle de foin, il le balança de coté."

Page 593 : "La Religion ne tomba pas le 2 aout. Du haut de la colline, le muezzin lança l'appel du soir et les bataillons de janissaires décimés se regroupèrent avec leurs couleurs dépenaillées et leurs blessés, se dirigeant vers leurs feux de camp et le peu de réconfort qu'ils retrouveraient autout de leurs marmites"

Page 812 : "Les notes mélancoliques sortant des trompettes musulmanes chevrotaient à travers les lueurs estompées de fumée, puis elles mourrurent. Le déclin vermillon du soleil projetait des ombres lugubres et étirées sur le Grand Terre Plein. Les ombres étaient celles des derniers (...) battant en retraite, s'enfonçant à travers la poussière noire de sang traversée de mouches comme les survivants boitillants de quelque conclave de déments".

 

4ième de couverture : La Réligion, c'est le nom que se donne l'ordre des Hospitaliers, mais c'est aussi la bannière sous laquelle se rallie la folie des hommes. En 1565, claustrés sur leur petit archipel au sud de la Sicile, les chevaliers de Malte s'apprêtent à recevoir les furieux assauts de l'armée Ottomane. A un contre cinq, les chrétiens tiennent le siège au prix de combats effroyables. Un déchainement de violence dans lequel se trouve entraîné Mattias Tannhauser, un ancien janissaire qui a connu les deux camps. Pour les beaux yeux de la comtesse Carla La Penautier, le trafiquant d'armes et d'opium embarque pour l'enfer..."

 

Note personnelle :

Un bijou de roman de nous emmène dans l'histoire (dans les 2 sens, avec un grand H) comme si on était avec les personnages sur cette île. Un poèsie dans l'écriture, des combats, du sang, de l'amour...une épopée... 950 pages mais j'ai encore des regrets depuis que j'ai du quitter cette histoire. Je mets au défi ceux qui liront le premier chapitre, de ne pas continuer. Dès le début, on bascule autre part.

20 août 2014

La Pitié dangereuse - Stefan Sweig

Stefan Zweig - La Pitié dangereuse.

Page 21 : "Je me dirige vers la table et m'incline en signe d'invitation. Deux yeux me regardent avec stupéfaction, les lèvres restent entreouvertes d'étonnement. Mais la jeune fille ne fait aucun mouvement pour me suivre. N'a t-elle pas compris ? Je m'incline de nouveau, mes éperons sonnent légèrement : Permettez moi, mademoiselle..." Ce qui se produit alors est affreux. (...) Vingt, trente secondes, elle reste dans cette position, comme en proie à une crise de désespoir, cependant que les secousses continuent d'ébranler son corps frêle.

Page 23 : "N'avez vous pas remarqué qu'Edith est..paralysée ? Vous n'avez pas aperçu ces pauvres jambes rabourgries ?"

Page 24 : "Et c'est ainsi que je trouve soudain hors de la maison maudite, le visage cinglé par un vent froid, le coeur brulant de honte et la respiration coupée comme quelqu'un qui se noie"

Page 38 : " (...) Je n'ose pas regarder ses pauvres jambes porte-t-elle quelques appareil de prothèse. A cette idée mon coeur se serre comme pris dans un étau de glace, car je comprends pourquoi elle n'a pas voulu qu'on l'aidât ou qu'on la sortît sur son fauteuil roulant. Elle veut me montrer, à moi, justement à moi, à nous tous, qu'elle est une infirme. Elle veut, par je ne sais quel désir de vengeance désespérée, nous faire du mal à tous avec sa souffrance, comme si elle voulait lancer contre nous, les gens bien portants, une espèce d'accusation.

Page 49 : " Je ne pus ce soir-là me coucher tout de suite tant j'étais ému. (...) Mais voila que l'inattendu était arrivé. J'avais une influence sur d'autres hommes. (...) Il suffisait de m'assoir un soir ou deux auprès d'une jeune fille malade et paralysée et de bavarder avec elle pour que ses yeux s'éclairassent, ses joues s'animassent, et ma présence pouvait illuminer toute une maison qu'assombrissait la tristesse"

Page 180 : " Je sais, je sais interrompit Condor. Vous n'avez été faible que par pitié, par conséquent pour les motifs les plus convenables...Mais je crois vous avoir déjà averti, c'est un sentiment à deux tranchants que la pitié. Celui qui ne sait pas s'en servir doit y renoncer. Ce n'est qu'au début que de la pitié - comme la morphine - est un bienfait pour le malade, un remède, un calmant, mais elle devient un poison mortel quand on se sait pas la doser ou y mettre un frein. (...) le moment vient inévitablement où il faut dire "non" et ne pas se soucier si celui à qui on le dit vous fait plus pour ce "non" que si vous aviez refusé de l'assister. Oui mon cher lieutenant, il faut savoir dominer sa pitié sinon elle cause plus de dégats que la pire indifférence."

4ième de couverture : "A la veille de la Première Guerre mondiale, un jeune officier pauvre, en garnison dans une petite ville autrichienne, est pris de pitié pour une jeune infirme riche. De cette pitié dangereuse découlera l'amour fou que porte Edith de Kekesfalva au lieutenant Anton Homiller. Cet amour impossible finira tragiquement, dans l'évocation nostalgique d'une société bientôt condamnée par l'histoire.

Note personnelle : J'ai terminé le blog sur les dépendances affectives, je le reprends avec la pitié dangereuse...quelques années plus tard, on tourne sur le même sujet.

Merci à Laurence P. de m'avoir prêté ce livre.

 

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31 octobre 2010

Les dépendances affectives - V.Berger

9782212538618FS.gif.jpgPage  38 : "Antoine (...) reconnaît et accueille en lui l'enfant malheureux."

Page 277 : "Tout d'abord parlait vrai/être vrai(e) mène à un meilleur ancrage en soi et dans la réalité"

Page 296 : "Dans les relations ou gouvernent les liens toxiques et les angoisses massives de dépendance, les méprises dominent en effet. Ainsi, se confondent amour et état de manque, amour et envie, amour et séduction, possession ou assouvissement. Bien souvent, ces méprises remontent, au temps de l'enfance, et régnaient déjà dans la relation parents-enfant, particulièrement dans les rapports d'accaparement, de parentification, d'emprise ou dans le cadre de fonctionnements incestueux."

Notes qui ne sont pas évoquées dans ce livre mais cela m'y a fait penser : 

1. Prendre conscience de sa propre mort pour commencer à vivre sans peur de mourir puisque cela va arriver. C'est le cours de la Vie. 

2. Prendre conscience que la cause de la colère, la jalousie, l'envie... n'est pas l'autre ou un autre hypothétique mais bien soi. En recherchant les causes en soi, on se comprend mieux et on peut faire des choix qui nous sont propre en pleine conscience. Cela ne veut pas dire tout accepter mais accepter (ou pas) en fonction de ses envies et non à cause d'un truc mal digéré pendant l'enfance.

3. Prendre conscience de toutes nos dépendances toxiques qui n'engendrent pas l'amour mais l'attachement nocif. (ou le détachement nocif). Ces dépendances engendrent aussi un non accomplissement dans son travail, dans ses envies, passions...

4. Prendre conscience qu'il faut absolument dégonflé son "petit égo" pour vivre en harmonie avec sa nature. Notre nature est mortelle, aucune trace à laisser, aucun château ne tiendra dans son tombeau. 

Le livre de Véronique Berger répond à merveille aux questions du point 3. 

27 juin 2010

Eloge du Carburateur - M. B.Crawford

imagesPage 36-38 : "Si l'on prend en compte la richesse intrinsèque du travail manuel du point de vue cognitif, social et psychologique, on peut se demander pourquoi sa présence a connu un tel déclin dans le système éducatif. L'explication la plus fréquente selon laquelle il tendrait tout simplement à disparaître dans notre économie, est tout à fait discutable, voire absurde. C'est donc plutôt dans les coulisses obscures de la culture qu'il faut chercher une explication."

Page 40 : "Ces catégories (note : deux filières d'éducation: une professionnelle et une générale) continuent apparemment à informer le paysage éducatif contemporain, et avec elles se perpétuent deux grandes erreurs. D'abord l'idée que toute forme de travail ouvrier est nécessairement aussi décérébrée que le travail à la chaîne ; ensuite, celle que le travail en col blanc continue à avoir un caractère nettement intellectuel. Et pourtant, il y a bien des indices qui démontrent que la nouvelle frontière du capitalisme, c'est l'application du travail de bureau des mêmes procédés jadis appliqués au travail d'usine, à savoir l'élimination de ses éléments cognitifs."

Page 76 :" Il fut un temps où, outre la jauge d'huile, l'automobile disposait d'une interface assez primaire mais conceptuellement similaire au système sophistiqué des nouvelles Mercedes. En anglais, elle était désignée de façon humoristique comme "idiot light", la loupiote du crétin. Vous pouvez être certain que le manuel du propriétaire de Mercedes ne parle pas d'idiot system au moment de décrire l'interface informatique du véhicule : le jugement négatif implicite dont ce terme était jadis porteur n'est plus de mise aujourd'hui. En vertu d'une logique culturelle parfaitement insondable, ce qui hier était une preuve d'idiotie devient aujourd'hui désirable."

Page 119 : "Il est donc pertinent de se demander si la dégradation du travail n'entraine pas non seulement un abrutissement intellectuel, mais aussi un certain déficit de compétence morale (...) Nous avons tous un jour ou l'autre eu affaire à un fournisseur de service qui se comportait comme un automate incapable de faire autre chose que d'appliquer un mode d'emploi abstrait. Nous avons aussi bien souvent entendu les employeurs se plaindre de la difficulté de trouver des salariés consciencieux. Y aurait-il un lien entre ces deux problèmes ? Il semble bien que nous soyons confrontés à un cercle vicieux dans lequel la dégradation du travail a un effet pédagogique néfaste, transformant les travailleurs en matériau complétement inadapté à quoi que ce soit d'autre que l'univers surdéterminé du travail irresponsable."

Page 178 :"Tocqueville observait que les Américains seraient de plus en plus amenés à chercher la sécurité sous la tutelle d'une forme de "despotisme doux" incarné par l'Etat. Son analyse mérite d'être enrichie, dans la mesure où cette tendance despotique "soft" ne relève plus seulement aujourd'hui du paternalisme étatique mais aussi du pouvoir des grandes entreprises. On pourrait même avancer que ce sont désormais les géants du secteur privé, plutôt que l'administration, qui exercent sur nous cette forme particulièrement débilitante d'autorité par le biais du travail."

Page 216 :"C'est une chose pour l'ouvrière chinoise de savoir que, quelque part dans le Middle West, la couverture en patchwork traditionnel typiquement américaine qu'elle a cousue sert les besoins d'un individu concret et que ce dernier l'investit en outre d'une signification culturelle spécifique qui lui est pratiquement incompréhensible ; c'en est une autre pour un menuisier de déambuler en ville et de repérer la nouvelle porte d'entrée qu'il a conçue et fabriquée pour tel ou tel magasin, de s'enquérir par expérience directe ou par ouï-dire de ses défauts et ses qualités esthétiques et fonctionnelles, et de modifier ses futures productions en fonction de cette rétroaction quotidienne. Il y a bien entendu tout un monde de possibilités entre ces deux extrêmes. Une certaine lecture de marx consisterait à penser que plus on est proche du travail du menuisier, moins le travail est aliéné."

Page 228 : "Mais au fond, je ne cherche pas à recommander spécialement la pratique du motocyclisme, ni à idéaliser la vie du mécano. Ce que j'essaie de suggérer, c'est que, si nous suivons à rebours les traces de nos actions jusqu'à leur source, celles-ci peuvent nous instiller une certaine compréhension de la vie bonne. Une telle compréhension peut être difficile à exprimer de façon explicite ; il revient au questionnement moral de la mettre en lumière. Un tel questionnement peut être encouragé par des activités pratiques exercées en compagnie d'autrui, lesquelles donnent lieu à une sorte de conversation en acte. S'il repose sur ce type de conversation, alors le travail peut offrir un certain degré de cohérence à nos existences"

Page 240 : "Trop souvent, les défenseurs du libre marché oublient que ce qui nous importe vraiment, c'est la liberté des hommes. Produire des hommes libres suppose une économie susceptible de favoriser la vertu d'indépendance, une économie où toute une série de types humains différents seront capables de trouver des emplois adaptés à leurs compétences. Il est plus que temps d'en finir avec la confusion entre la propriété privée et propriété capitaliste. Les conservateurs ont raison d'exalter la première en tant que pilier de la liberté, mais quand ils recyclent ces arguments en faveur des grandes entreprises, ils se transforment en apologistes de la concentration massive et croissante du capital."

Note sur l'auteur : Matthew B Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir...un atelier de réparation de motos. 

Note personnelle. 

Le journal libération remettait il y a quelques jours et dans un autre contexte, au gout du jour une citation d'Oscar Wilde :" Aujourd'hui les gens connaissent le prix de tout mais la valeur de rien".

Et bien lisez ce magnifique bouquin et vous comprendrez pourquoi. Bien entendu ce n'est pas l'éloge du capitalisme...

Si vous l'avez lu et que vous souhaitez échanger sur le sujet, la porte est grande ouverte. Ce bouquin m'a ouvert à des tonnes de questions par exemple :

pourquoi les chaînes de montage existent ? Car si c'est débile de travailler sur une chaîne de montage, pourquoi l'être humain a pensé dans sa tête d'être humain à créer un système de travail qui rend débile ceux qui travaillent dessus ? Pourquoi la priorité est de faire qu'une entreprise gagne plus, plutôt que de faire qu'un être humain ait un boulot moins con ? Pourquoi ne pas interdire aux entreprises d'avoir plus de 50 salariés ? Ainsi la répartition des richesses serait plus équitable non ?

Plus sérieusement (sic), j'ai mis plusieurs semaines à lire ce livre car à chaque paragraphe, l'auteur nous ouvre à de nouvelles perspectives... une autre manière de voir l'économie, de voir la relation au travail et donc aux autres... 

28 mai 2010

Le souci des plaisirs - M. Onfray

onfrayConstruction d'une érotique solaire.

Page 38 : Ce livre propose de suivre la construction de l'imprégnation chrétienne sur le terrain du corps, de la sensualité et de la sexualité. (...) Vingt siècles de christianisme fabriquent un corps déplorable et une sexualité catastrophique. A partir de la fable d'un Fils de Dieu incarné en Fils de l'Homme, un myhte nommé jésus sert de premier modèle à l'imitation : un corps qui ne boit pas, ne mange pas, ne rit pas n'a pas de sexualité, autrement dit un anticorps. 

Page 77 : Avec Paul, Jésus comme fiction laisse donc la place au Christ comme névrose. L'idéal devient l'imitation du corps du christ, autrement dit un projet que les jésuites formulent clairement avec cette maxime attribuée à saint ignace de Loyola : devenis "perinde ac cadaver" c'est à dire "pareil à un cadavre". (...) Cette secte, parmi des milliers d'autres à l'époque où Paul se débat avec sa névrose personnelle, aurait pu être qu'un cauchemar si elle n'était devenue une religion - or chacun sait qu'une religion est une secte qui a réussi. (...) La névrose chrétienne quitte le terrain des potentialités pour nourrir la réalité d'une civilisation dans laquelle nous vivons toujours"

Page 80 : Les pères de l'Eglise constituent un bataillon de philosophes qui commentent sans relâche le Nouveau et Ancien Testament. L'ensemble de cette production ramasse un nombre considérable d'idées avec lesquelles se constituent les christianismes. (...) Les conciles arrêtent la dynanique de ces réflexions pour les figer dans un corpus officiel. (...) Le IV concile de constantinople (869-870) récuse la trichotomie qui affirmait l'homme composé d'une âme, d'un esprit, d'un corps, et opte pour le dualisme corps et âme, dont on connaît les effets nocifs et pervers dans notre civilisation...

Page 86 : Voilà pour quelle raison, si l'on veut poursuivre l'enquête sur l'éros nihiliste chrétien, la lecture de la Cité de Dieu offre des informations considérables : Augustin en effet, sexualise le péché originel. A son tour, il lance l'anathème contre les femmes, coupables de la faute généalogique de toute négativité, il théorise la libido en regard de la Chute, puis culpabilise le désir autant que le plaisir, avant d'inviter lui aussi à l'imitation de Jesus-Christ et au renoncement à la chair.

Page 88 : L'éros nihiliste chrétien se constitue dans cette double folie : l'aspiration à un corps inexistant et le désir de maltraiter le corps existant. Double névrose : volonté de néant en matière d'idéal, volonté de mort sur le terrain pratique. Double modèle : un corps qui ne mange pas, un chair qu'on martyrise. Double symbole : un ange dépourvu de sexe, un Crucifié, le supplicié et l'instrument de son supplice. Douce perversion : le nihilisme de la chair et le sadomasochisme en modalité spécifique de l'éros. Double furie : Jésus et Christ. 

Page 118 : Le christianisme apparaît donc autour du XIII siècle comme un espace mental et intellectuel (...) dans lequel on ne jouit que du corps détruit, coupé, taillé, martyrisé (...) battu, frappé, bastonné, (...) cette liste des jouissances chrétiennes fait indéniablement songer à celles du Marquis (de sade) ce bouge métaphysique nourrit les bas fonds de l'âme de nombre de corps chrétien. 

Page 178 : Les femmes sculptées (dans les temples de Khajurâho) irradient la quintessence de la féminité : loin de Marie qui enfante sans père puis accouche en étant vierge, contre la femme chrétienne réduite à la Vierge, la mère ou l'épouse, la femme indienne arbore tous les signes de la féminité triomphante depuis la Vénus de Lespugue : hanches larges, seins lourds, ventres avenants, chairs généreuses, formes franches. Dans l'iconographie chrétienne, le sein, quand il apparaît, triomphe soit en organe de la nutrition du fils de Dieu,en mamelle de la mère, soit en occasion de torture païenne lors du martyre : sein à têter, sein à mutiler. Dans l'iconographie indienne, le sein est galbé, renflé, bombé, plein, pesant, rond comme un monde, il est sublime, magnifique, (...), débordant, arrogant - il appelle la main de l'homme pour la caresse et non la bouche tétouilleuse du nourrisson, encore moins la tenaille sadique du tortionnaire. 

Page 196 : Le shivaïsme illustre un genre de spinozisme avant spinoza. Les ténants de cette spiritualité pourraient eux aussi dire comme l'auteur de l'Ethique : "deus sive natura" soit "Dieu ou la Nature". En d'autres termes : "Chaque fois qu'apparaît la nature vous pouvez tout aussi bien dire Dieu, et vice versa, car il s'agit d'une seule et même chose. Car le Shivaïte n'avaliserait pas la dichotomie judéo- chrétienne entre le créateur et sa créature. Dieu et le monde, le principe créateur et sa création, autrement dit : Dieu et l'homme..De sorte que, dans ce moment indien, la sexualité n'est pas une affaire d'hommes incapable d'être des dieux, mais une affaire d'hommes qui se font Dieux par leurs libido et l'exercice spirituel ritualisé de leurs énergie sexuelle. (...) Un shivaïste évolue dans l'Un d'un réel homogène ; un chrétien dans le Deux d'une opposition entre le corps et l'âme. (...) Pour les premiers le sexe est affaire d'une circulation intrinsèque d'énergies; pour les seconds, une force démoniaque de la Cité d'Hommes déchus qu'il faut refuser et récuser afin de pouvoir espérer gagner la vie éternelle et l'immortalité. Religion de la nature et la vie contre religion du Livre et de la mort.

Page 199 : Le shivaïsme souhaite que chacun se conforme à ce qu'il est - l'un des sens du mot Dharma, qui pourrait très approximativement se traduire par "loi naturelle". La vertu se résume à cela : coïncider avec ce pour quoi l'on est fait, désirer ce qui nous fait être ce que nous sommes, vouloir ce qui nous veut, seules façons (spinozistes là encore) de jouir de soi, de l'être, du monde, de l'être du monde. Quiconque voudrait déroger à la règle du Dharma introduirait du désordre dans l'univers, ce qui correspondrait à une violence faite à la nature (...) Sérénité avec soi-même, paix avec les autres, harmonie avec la nature, voilà les objectifs shivaïtes.

Page 237 : Pour réaliser une érotique solaire, la première exigence consiste à répondre pour chacun, à cette série de questions : qui suis-je ? quel est mon désir ? Qu'ai-je essayé qui me permette de penser que j'ai choisi ? A quoi ressemble mon trajet existentiel amoureux, sexuel, affectif, émotionnel ? Qu'ai-je personnellement fait de ce que mes parents, ma famille, mon entourage, la société dans laquelle je vis, la spiritualité ou la religion de mon temps, les modèles dominants de mon époque, ont voulu faire de moi ? M'en suis-je émancipé ? En ai-je saisi les mécanismes ? L'ai-je voulu, désiré, choisi, repris à mon compte ? (...) A quoi ressemble mon plaisir ? Est-il même au rendez vous ? Dans quelles qualités, quantités, selon quelles modalités ? Que puis-je faire, que sais-je faire, du désir et du plaisir d'autrui ? Et autres questions en nombre car il s'agit de savoir ce que l'on veut pour envisager ce que l'on peut - et vice versa. 

Page 254 : Cet ouvrage invite à la construction sexuelle de soi à partir d'un matériau inédit : l'unicité de chacun. L'invention d'une sensualité, la fabrication d'une volupté, la confection d'un plaisir, la création d'une joie ne relèvent d'aucun projet communautaire ou global, collectif ou général, religieux ou politique, mais d'un vouloir propre. Pindare, qui formulait déjà la sublime invitation : "deviens ce que tu es", ajoutait dans le même poème, les Odes Phytiques : "N'aspire pas, ô mon âme, à la vie éternelle, mais épuise les champs des possibles" La vie n'y suffira pas, mais au moins aura-t-elle été digne de ce nom.

Note : 

Michel Onfray est un philosophe français, (pas franchement de droite catholique) qui propose une philosophie hédoniste... Il a publié une cinquantaine d'ouvrage. 

Je vous conseille cet ouvrage qui vous aidera à vous déconstruire, à vous laver d'une éducation directe ou indirecte, conscient ou inconscient (collectif pour reprendre un concept cher à Jung) sur un sujet forcement fondateur de ce que vous êtes... pour aller pourquoi pas vers une spiritualité qui allie l'âme et le corps, l'âme et la nature mais bon c'est juste un message subliminal. 

"L'univers chrétien est un monde incomplet où le sentiment et les symboles féminins de la vie n'ont pas été intégrés." Alan Watts ...

26 janvier 2010

L'élégance du hérisson - M.Barbery

elegceherissonPage 25 : "Mon Hokku préféré, il est de Basho. Hutte de pêcheurs / Mêlés aux crevettes / Des Grillons !"

Page 38 : "A part l'amour, l'amitié et la beauté de l'Art, je ne vois pas grand chose d'autre qui puisse nourrir la vie humaine. L'amour et l'amitié, je suis trop jeune encore pour y prétendre vraiment. Mais l'Art...si j'avais dû vivre, c'aurait été toute ma vie. Enfin, quand je dis l'Art, il faut me comprendre : je ne parle pas que des chefs d'oeuvre des maîtres. Même pour Vermeer, je ne tiens pas à la vie. C'est sublime mais c'est mort. Non, moi je pense à la beauté dans ce monde, à ce qui peut nous élever dans le mouvement de la vie. (...) De la grâce, de la beauté, de l'harmonie, de l'intensité. Si j'en trouve alors je reconsidérai peut-être les options : si je trouve un beau mouvement de corps, à défaut une belle idée pour l'esprit, peut-être alors je penserai que la vie vaut la peine d'être vécue."

Page 61-62-63 : Les forts / Chez les humains / Ne font rien / Ils parlent /Parlent encore (...) Ce que veut dire cette phrase, ce n'est pas que les incompétents ont une place au soleil, c'est que rien n'est plus dur et injuste que la réalité humaine : les hommes vivent dans un monde ou ce sont les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c'est la maîtrise du langage. C'est terrible, parce qu'au fond, nous sommes des primates programmés pour manger, dormir, nous reproduire, conquérir et sécuriser notre territoire et que les plus doués pour ça, les plus animaux d'entre nous, se font toujours avoir pas les autres, ce qui parlent bien alors qu'ils seraient incapable de défendre leur jardin, de ramener un lapin pour le dîner ou de procréer correctement. Les hommes vivent dans un monde où ce sont les faibles qui dominent. C'est une injure terrible à notre natire animale, un genre de perversion, de contradiction profonde.

Page 126 : "Aussi je ne dis pas ; - Pas de quoi. Mais - Vous savez...tout vient à son heure. Cela peut sonner comme un proverbe populaire, bien que ce soient aussi les paroles que le maréchal Koutouzov dans Guerre et Paix, adresse au Prince André. "M'a-t-on fait assez de reproches, et pour la guerre, et pour la paix...Mais tout est venu en son temps...Tout vient à son heure pour qui sait attendre""

Page 158 : "le futur, ça sert à ça : à construire le présent avec des vrais projets de vivants."

Page 192 : "Alors si Mme Maigre (note : la prof de français) s'était donné la pein de nous lire avec des trémolos dans la voix quelques vers de Racine ("que le jour recommence et que le jour finisse / sans que jamais Titus puisse voir Bérénice") elle aurait vu que l'adolescent de base est tout mur pour la tragédie amoureuse."

Page 299 : "Moi, je crois qu'il y a qu'une seule chose à faire : trouver la tâche pour laquelle nous sommes nés et l'acomplir du mieux que nous pouvons, de toutes nos forces, sans chercher midi à quatorze heures et sans croire qu'il y a du divin dans notre nature animale. C'est comme çà seulement que nous aurons le sentiment d'être en train de faire quelque chose de constructif au moment où la mort nous prendra."

Page 409 :"(...) c'est peut-être cela la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même."

Note :

Je sais, j'ai mis un temps fou à lire ce livre mais le succès de celui-ci ne m'avait pas donné envie d'aller plus loin. Quel idiot j'étais ! Une fois ouvert, on le dévore. Comme me disait mon associé, lorsqu'on réparions une cuvette de toilette, cet après midi : Le succès de ce livre est assez étonnant car il n'est pas très accessible. Perso, j'étais content de retrouver Bérénice et Basho et toute l'idée de la philosophie "zen"... "Depuis huit jours je règne, et jusques à ce jour, qu'ais-je fait pour l'honneur, j'ai tout fait pour l'amour." Acte IV scène 4. Bérénice - Racine.

17 janvier 2010

Cityboy - G.Anderson

Cityboy_275x415confessions explosives d'un trader repenti.

Page 9 : "Qui est cityboy ? C'est le cadre arrogant avec costume et mallette que vous croisez dans le métro. C'est le frimeur qui gâche vos soirées entre amis en se vantant des fortunes qu'il rafle en bourse. C'est l'individu avide et sans scrupules dont les agissements plongent le monde dans le chaos. Et pendant une période de ma vie, ce type, c'était moi."

Page 38 : "- Ce soir, j'aimerais te donner quelques tuyaux sur la façon de réussir dans cette répugnante profession et, une fois que tu auras bien assimilée ces conneries (...) 1/ "Serrer les mains" : c'est à dire rendre visite à ses clients et les inviter dans de grands restaurants le plus souvent possible. Ou prendre une bonne biture avec les plus jeunes et les emmener à des matchs de rugby ou des concerts. 2/ "Publier ou couler" c'est à dire éditer fréquemment des notes de recherches. Certains analystes se perdent en feuilles de calculs et en déballage de chiffres, mais nous ne sommes pas là pour vendre la vérité, d'autant plus qu'elle n'existe pas. Ce qui a le plus d'impact sur le cours des actions, ce sont les changements de taux d'intérêt, la croissance du PIB, le prix du pétrole..éléments qui sont quasi impossibles à prévoir. 3/ "Faire sa propre pub " Il n'y a pas de place pour la timidité dans ce métier. (...) Parce que bien se faire voir du patron en critiquant subtilement un collègue peut te rapporter trente mille livres de son bonus. Tout le monde le fait et il faut t'y mettre, toi aussi. Tu sais pertinemment que si quelqu'un peut te piquer ton fric et s'attribuer le mérite de ton travail, il le fera sans hésiter." (...) N'oublie jamais que ce job se limite à agiter des bouts de papier pour ramasser un max de pognon. ça ne guerit pas le cancer, c'est juste le moyen légal de se faire une montagne de fric (Ce fut la plus importante de ses leçons, et je ne l'ai jamais oubliée).

Page 353 : "Malheureusement pour ceux qui ne sont pas des Cityboys, tous les autres systèmes économiques ont été discrédités et désormais un capitalisme du laissez-faire gouverne le globe. Cela fait quarante ans qu'on n'a pas essayé, en Occident, de créer de système socio-économique plus juste qui permette non pas simplement à quelques élus, mais à la majorité de prosperer. Les tentations de révolution de 1968 ont peut être conduit le monde sur un chemin moins raciste, moins sexiste et moins homophobe, mais elles ont lamentablement échoué à changer en profondeur ce système qui encourage inlassablement l'égoisme et le manque de compassion envers son prochain."

Page 359 : "Franchement, je ne sais pas encore ce que je ferai après (note : la publication de ce livre), mais je suis sur au moins d'une chose : même si l'avenir s'annonce sombre pour l'humanité, on ne peut plus se permettre de rester sur la touche. Je suis prêt à rejoindre le monde réel".

4ième de couverture : "pour la première fois, un trader ose briser la loi du silence".

Note : 

Un livre sur un trader qui "balance" ... Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est le capitalisme, c'est intéressant dans l'optique "la bourse pour les nuls"...ou "la bourse fait par des nuls " Pour ceux qui ne savaient pas que le court terme est la plaie de la bourse ou encore que le système de retraite "à la française" est sans doute bien mieux pour le bonheur de notre planète que celui des fonds de pensions américains...

Mais, selon moi, il ne faut pas oublier que le trader n'est qu'un maillon de la chaîne et celui qui est le plus responsable est celui qui achète. Donc vous et moi.

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