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Aisthesis
6 août 2009

Un type qui me parle

Alan Watts (1915-1973).

Docteur en théologie, éminent spécialiste du taoïsme et du boudhisme zen, maitre à penser et à vivre de la beat génération, ce mystique paien a brillamment contribué à réconcilier l'Orient et l'Occident de notre âme.

"Je suis un jouisseur impénitent. J'aime immodérément les femmes et les plaisirs de la sexualité, les grandes cuisines française, chinoise et japonaise, les vins et les alcools, les cigares et le tabac pour pipe, les jardins, les forêts et les océans, les pierres précieuses et les peintures, les habits colorés et les livres précieusement reliés et imprimés. J'ai du cependant deux ou trois fois dans ma vie abandonner toutes mes possessions et continuer tout seul. Aussi suis-je attiré par l'existence des vagabonds sans attaches, taoïstes, qui vivent dans les montagnes". "Cachés dans les nuages, domicile inconnu". "Mystique sans honte", "plus intéressé par la religion en tant que sentiment et expérience qu'en tant que conception et théorie", figure légendaire de la décennie psychédélique des années 60" Alan Watts constatait que son existence entière était "un paradoxe ou, mieux, une coincidence entre opposés".

"L'univers chrétien est un monde incomplet où le sentiment et les symboles féminins de la vie n'ont pas été intégrés.

"Mais si toute sa vie fut une suite de rencontres éblouissantes : Aldous Huxley, Jung, Henri Miller, Durckeim, D.T Suzuki... il n'eut pourtant jamais vraiment de "gourou" au sens dévotionnel du terme."

"Le fond du problème n'était pas tant que je ne croyais pas en une religion mais tout simplement que je ne croyais pas au fait de croire lui-même. Toute croyance était à mes yeux une antithèse de la foi, plus une source d'angoisse que de confiance...toute forme à laquelle on se raccroche finit immanquablement par devenir une idole". Cette critique n'épargne aucune religion. "yoga, prière, exercices spirituels, thérapeutiques ne sont que des mécanismes de retardement très élaborés, ils ne font que différer la conscience qu'il n'y a rien à saisir et aucune voie pour la saisir".

"Watts fut un pionnier, une figure à la fois centrale et marginale de cette "contre-culture mystique" américaine. "Je sais seulement qu'entre les années 58 à 70 environ, un énorme raz-de-marée d'énergie spirituelle, sous forme de poèsie, de musique, de philosophie, de peinture, de religion, de techniques de communication dans la radio, la télévision et le cinéma, de danse, de théâtre, et de renouveau du mode de vie généra, balaya toute la ville (de san francisco) et ses environs avant de gagner l'amérique, puis le monde entier et je sais aussi que j'y ai intensément participé."

Cependant" L'aspect crasseux, grégaire, et inculte d'un certain mouvement hippie répugnait à sa nature raffinée"

Aujourd'hui que dire ? Avec ses excés, ses naivetés, ses dérives, ce boom zen valait certainement mieux que ce qui suivit : le new age, atomisation psychique, fade et sirupeux sous-produit de spiritualité dont la France, comme toujours, capta les reflets et les paillettes avec 15 ans de retard. On n'imagine pas Alan Watts, tout tolérant et curieux d'esprit qu'il était, donnait sa bénédiction au channelling, envoyeant des bisous aux anges gardiens et se pâmant devant ces quincalleries de tarots, pendules et de cristaux.

Le dualisme occidental qui veut toujours opposer l'esprit à la nature, l'ame au corps, le moi à l'autre, le bien au mal, l'amour à la connaissance aboutit, non seulement, à la destruction de la nature elle-même (watts est le champion d'une écologie spirituelle), mais à une tragique incompréhension entre l'homme et la femme et, trop souvent, à leur disharmonie sexuelle. On pense souvent échapper à l'emprise du sexe par une idéalisation abstraite de l'amour, laquelle ne peut qu'accroitre la souffrance.

Mais le véritable amour selon Alan Watts "donne non pas la vision idéale mais bien la vision réelle d'autrui parce qu'il permet de toucher sa vérité charnelle. A la sexualité avide, préhensive, possessive, qui n'est qu'une crampe de l'égo cherchant à confirmer sa survie, il oppose une sexualité contemplative, détendue, donnant, source possible et expression d'Eveil. Art de sentir, plutot que méthode...

"(...) D'un autre coté, je réalise très clairement (...) que mon organisme physique de transformera bientôt en poussière et en cendre. Et je sais très bien qu'aucune âme individuelle et particulière, ni spectre ni fantôme, ne lui survivront". 

Merveilleux paradoxe "Une joie intense accompagne la révélation que nous sommes éphèmères et transparents"

Préface, sous forme de biographie, d'un livre que j'emmène avec moi pour les vacances et donc je parlerais plus tard. J'avoue que j'adore ce type et je dévore ses livres, bourré de paradoxe, mettant en l'air toutes nos idées préconcues sur le boudhisme, un type qui a fortement contribué à la fois à la contre-culture américaine ("beat" désigne à la base un type qui marche seul le long des voix ferrés (voyageur) et donc à la drogue, alcool et autres "plaisirs"...et au rapprochement de l'Homme et la nature, de l'homme et la femme et de l'Homme avec lui-même... un type qui parle de la dualité entre l'ame et l'égo, l'ame et le corps et qui a "milité" pour une non-dualité...un type qui a étudié les religions et les croyances (il a même était prêtre) et pourtant il savait qu'il n'y avait rien après la mort. Un type qui a expérimenté au lieu d'attendre de lire des vérités dans des bouquins (sic). Toute sa vie il a cherché pour trouver qu'il n'y avait rien à chercher... juste suivre la vie et profiter en pleine conscience de l'instant présent... bref, je me dis qu'il mérite qu'on s'attarde dessus :-) pour après, comme toute lecture, se faire sa propre opinion et surtout expérimenter pour comprendre.

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Commentaires
C
Bon voyage
Aisthesis
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