Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aisthesis
15 septembre 2009

Linsurrection qui vient - Comité Invisble

images_1Page 7 : "Sous quelques angles qu'on le prenne, le présent est sans issue. Ce n'est pas la moindre de ses vertus. A ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l'heure. C'est une chose entendue que tout ne peut aller de mal en pis. "Le futur n'a plus d'avenir" est la sagesse d'une époque qui en est arrivée, sous ses airs d'extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks."

Page 11 : " L'impasse du présent, partout perceptible, est partout déniée. Jamais tant de psychologues, de sociologues, de littérateurs ne s'y seront employés, chacun dans son jargon spéciale ou la conclusion est spécialement manquante."

Page 12 : "Ce livre est signé d'un nom de collectif imaginaire. Ses rédacteurs n'en sont pas les auteurs. Il se sont contentés de mettre un peu d'ordre dans les lieux communs de l'époque, dans ce qui se murmure aux tables des bars, derrière la porte close des chambres à coucher. Ils n'ont fait que fixer les vérités nécessaires, celles dont le refoulement universel remplit les hôpitaux psychiatriques et les regards de peine."

Page 17 : " La France n'est pas la patrie des anxiolytiques, le paradis des antidépresseurs, la Mecque de la névrose sans être simultanément le champion européen de la productivité horaire. La maladie, la fatigue, la dépression, peuvent être prises comme les symptômes individuels de ce dont il faut guérir. Elles travaillent alors au maintien de l'ordre existant, à mon ajustement docile à des normes débiles, à la modernisation de mes béquilles. (...) Mais, prises comme faits, mes défaillances peuvent aussi amener au démantelement de l'hypothèse du Moi. Elles deviennent alors actes de résistance dans la guerre en cours. Elles deviennent rebellion et centre d'energie contre tout ce qui conspire à nous normaliser, à nous amputer. "Le moi n'est pas ce qui chez nous est en crise, mais la forme qu'on l'on cherche à nous imprimer." On veut faire de nous des Moi bien délimités, bien séparés, classables et recensables par qualités, bref : contrôlables, quand nous sommes créatures, parmi les créatures, singularités parmi nos semblables, chair vivante tissant la chair du monde. Contrairement à ce que l'on répète depuis l'enfance, l'intelligence, ce n'est pas de savoir s'adapter - ou si c'est une intelligence, c'est celle des esclaves. Notre inadaptation, notre fatigue ne sont des problèmes que du point de vue de ce qui veut nous soumettre. Elles indiquent plutôt un point de départ, un point de jonction pour des complicités inédites. Elles font voir un paysage autrement plus délabré, mais infiniment plus partageable que toutes les fantasmagories que cette société entretient sur son compte."

Page 38 : "C'est justement parce qu'elle achève de disparaître que la ville est maintenant fétichisée, comme Histoire. Les manufactures lilloises deviennent des salles de spectacle, le centre bétonné du Havre est partimoine de l'Unesco. A pékin, les hutongs qui entourent la Cité intterdite sont détruites, et l'on en reconstruit des fausses, un peu plus loin à l'attention des curieux. A Troyes, on colle des facades à colombages sur des bâtiments en parpaing, un art de pastiche qui n'est pas sans évoquer les boutiques style victorien de Disneyland Paris. (...) La métropole (note : l'ensemble du territoire) n'est pas que cet amas urbanisé, cette collision finale de la ville et de la campagne, c'est tout autant un flux d'êtres et de choses. Un courant qui passe par tout un réseau de fibres optiques, de lignes TGV, de satellites, de caméras de vidéo-surveillance, pour que jamais ce monde ne s'arrête de courir à sa perte. Un courant qui voudrait tout entraîner dans sa mobilité sans espoir, qui mobilise chacun. Où l'on est assailli d'informations comme par autant de forces hostiles. Où il ne reste plus qu'à courir. Où il devient même difficile d'attendre une énième rame de métro. "

Note sur l'auteur :

et bien non, rien sur l'auteur... cf le début de ce message.

Par contre, une note sur la "légende" de ce livre (dépot légal 2007) Edition La Fabrique.

l'ensemble de l'article ici : http://www.republique-des-lettres.fr/10801-julien-coupat.php

"Julien Coupat, que le Gouvernement n'a cessé de présenter depuis novembre dernier comme l'ennemi intérieur numéro 1, sort aujourd'hui (28 mai 2009)de la prison de la Santé, après plus de six mois de détention dans l'affaire des sabotages de lignes SNCF.(...)Mieux, Julien Coupat, 34 ans, diplômé de l'École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales (Essec) et doctorant en histoire et civilisation à l'Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHSS) jusqu'en 1999, aurait écrit un livre. Il serait l'auteur avec Benjamin Rosoux d'un essai néo-situationniste intituléL'Insurrection qui vient, publié en 2007 sous le nom de "Comité invisible" à La Fabrique éditions. Le livre est vendu en librairie et téléchargeable gratuitement sur internet. Pour les autorités judiciaires comme pour les principaux grands médias cet ouvrage est un dangereux manuel pratique de terrorisme. Il appellerait à la lutte armée, préconiserait les actions de sabotage et donnerait des consignes militantes à tenir face aux forces de police. Pourtant, pour qui sait lire et dispose de trois notions d'histoire littéraire, L'insurrection qui vient est un texte plus métaphorique et littéraire que théorique. Construit comme L'Enfer de Dante en sept cercles ou "impasses" (Le soi, les rapports sociaux, le travail, l'économie, l'urbain, l'environnement et la civilisation), il explique que "sous quelque angle qu'on le prenne, le présent est sans issue" et que "ce n'est pas l'économie qui est en crise, c'est l'économie qui est la crise"(...)Le 25 mai, Le Monde publie une interview de Julien Coupat obtenue par écrit depuis sa cellule de prison. Il nie être l'auteur du livreL'insurrection qui vient, versé au dossier d'instruction, qu'il qualifie toutefois de "constat lucide" et décrit son maintien détention comme "une petite vengeance [de la clique sarkozyste], bien compréhensible au vu des moyens mobilisés et de la profondeur de l'échec de l'enquête" [...] "Chaque manoeuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de les rendre haïssable", écrit-il, ajoutant qu'il "n'y a pas d'affaire de Tarnac, pas plus que d'affaire Coupat'.

Après quatre demandes de remise en liberté refusées et une nouvelle audition qui a accouché de 20 pages de procès verbal, Julien Coupat est libéré le 28 mai 2009. Malgré un dossier à l'évidence bien vide, il reste mis en examen dans l'affaire du sabotage des lignes SCNF pour "destruction en réunion et direction d'une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", crimes passibles de la Cour d'assises.
Le procès à venir dévoilera sans doute de nouveaux éléments à charge et à décharge, mais il semble déjà assuré que l'affaire Julien Coupat, cas manifeste de harcèlement policier et d'entêtement politique, restera dans les annales comme l'un des épisodes les plus paranoïaques et les plus grotesques du régime sarkozyste ."

Et comme c'est mieux de savoir qui est la source : La République des Lettres est animée par un esprit d'engagement et d'ouverture intellectuelle et humaniste. Politiquement elle défend des idées et des valeurs libertaires et progressistes de gauche (justice sociale, antiracisme, altermondialisme, laïcité,...).

Publicité
Commentaires
Aisthesis
Publicité
Newsletter
Publicité